Qui est Liv, cette jeune trentenaire, qui, après un crash d’avion, se retrouve seule au beau milieu d’une forêt canadienne ? Quelle est la morale de Keep Breathing (« Respirer »), la nouvelle série Netflix du moment ? Elle traite inévitablement d’instinct de survie. Mais pas uniquement, vous le verrez…
Jamais mieux servi que par soi-même
Le premier plan de la série dévoile Liv, une jeune femme, seule, à l’aéroport. On apprend vite que cette jeune avocate en valeurs immobilières n’a jamais pris de congés auparavant. Cela met tout de suite la puce à l’oreille du spectateur sur son tempérament. On la devine déjà courageuse et battante.
La seule chose que le spectateur sait, c’est que la jeune femme doit se rendre à Inuvik (au nord-ouest du canada) au plus vite pour rejoindre quelqu’un dont on ignore encore l’identité. L’avion est annulé. L’héroïne est mystérieuse, mais on ressent l’urgence. Débrouillarde, Liv trouve vite une solution. Elle rencontre Sam et George, qui finissent par accepter de la laisser monter à bord de leur avion privé.
Mais quel est le passé de Liv, qui semble avoir pris l’habitude de méditer, d’avoir besoin de laisser ses pensées s’échapper ? Elle appréhende un crash, comme une prémonition. Elle avait raison. Très rapidement, l’accident arrive. L’avion tombe à l’eau dans une violence inouïe. Premier événement traumatique. D’une minute à l’autre, Liv est en proie à une grande solitude. Elle doit désormais se débrouiller seule, sans réseau, sans aucune idée d’où elle se trouve, et quelqu’un à sauver.
Elle apprend que Sam lui a menti : personne ne les attendait, et personne ne sait où ils sont. Le feu, traumatisme passé, devient son seul espoir. À chaque fois que Liv passe un cap dans sa survie, cette mini-série rappelle aux spectateur.ices la joie que procure la réussite des choses que l’on réalise par soi-même. Elle nous rappelle nos priorités vitales aussi, que nous avons tendance à oublier trop souvent, noyés dans notre confort quotidien.
Un traumatisme redéclenche les précédents
En filigrane, les réminiscences d’un début d’histoire d’amour avec Danny, un de ses collègues, reviennent tout au long du premier épisode. Cet amour, à distance, semble la guider. Esseulée sur cette île, elle commence à avoir le temps de penser. Aux plus doux comme aux plus durs de ses souvenirs. À l’amour, mais aussi à la mort. Liv est en situation de détresse, et doit faire face à ses démons qui, peu à peu, resurgissent. Plus Liv se retrouve face à elle-même, plus ces derniers refont surface.
Au fur et à mesure des épisodes, le montage parallèle entre survie et résurgences est de plus en plus présent. De plus, les éléments prennent beaucoup de place et sont souvent métaphoriques. L’eau et le feu s’entremêlent, l’incendie et la noyade aussi. Lorsque l’héroïne est proche de la mort, elle se rappelle de toutes les fois où elle l’a été par le passé. À l’âge adulte, comme à l’âge enfant… Liv repense à tous les moments de sa vie durant lesquels son destin l’a poussée au bout de ses retranchements. En somme, toutes les fois où elle a survécu, plutôt que vécu.
La série met aussi en lumière le pouvoir et la puissance des objets – d’une carte postale à un médicament – et tous les souvenirs qui peuvent en découler. Toutes les associations d’idées et l’imagination qu’ils suscitent, ce dont elle a le plus besoin pour persister.
Liv se remémore les voix, celles du passé, souvent indélébiles. Les séquelles de l’enfance reviennent toujours. Par le biais de ces incessants flashbacks, elle comprend beaucoup de choses non élucidées à retardement. Elle revit les souvenirs les plus marquants de sa vie, comme les plus anodins. Des simples conversations qui sauvent une journée, aux pires moments de son existence.
La série Netflix « Respirer » : une danse avec le passé
Plus on avance avec Liv dans les méandres de ses réminiscences, et plus on apprend à cerner le personnage. L’envers du décor. L’aperçu de son caractère combatif des premières secondes de la série ne fait que se confirmer. Au travail, elle est des plus sérieuses, se dépassant toujours plus. Comme si elle n’était jamais assez bien. Liv est la plupart du temps capable d’être franche, de poser ses limites. Elle semble parfois insensible, même inaccessible, tant sa carapace est lourde. Elle résiste (trop) souvent. Liv est une femme forte et fragile à la fois, tant affaiblie qu’endurcie par la vie. Elle souffre en réalité d’un syndrome de l’abandon bien ancré. Syndrome qui l’a poussée toute sa vie à mettre d’innombrables barrières entre elle et les autres. Dans l’unique but de se protéger, par peur d’être délaissée.
Elle trouve certaines réponses dans l’enfance, dans ses souvenirs les plus lointains, ceux qui nous ont marqués à vie sans qu’on sache réellement pourquoi. Plus l’aventure avance, plus Liv est faible physiquement et psychologiquement. Elle trouve des réponses en rêve et dans sa fièvre. En étant seule au monde, elle parvient pourtant à régler des comptes avec ses parents. Suite à une chute, son état se dégrade. La jeune femme, bien trop hantée par ce passé non digéré, oscille sans cesse entre chimère et réalité. Liv se retrouve face à face avec la petite fille qu’elle était, ou encore à dialoguer avec sa mère, qu’elle n’a pas revu depuis des années.
Cet initial crash d’avion se transforme alors en véritable cheminement intérieur. De plus en plus submergée par ces chocs présents et passés, certaines pensées lui donneront malgré tout la force de se relever et de vivre cette aventure en solitaire. Grâce à tous ces allers-retours entre flashbacks et instinct de survie, l’héroïne finit par mettre le doigt sur sa plus grande phobie. Celle de devenir comme sa mère. Elle ne l’est pas : Liv, elle, n’abandonne jamais.
La bande originale de la mini-série Netflix « Respirer » est aussi captivante que le jeu d’actrice de la charismatique Melissa Barrera. À voir absolument !
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