La semaine dernière, une maman séparée qui vient me voir en consultation m’explique : « Ma fille, qui est une ado de 13 ans, ne veut plus aller chez son père. Elle me dit qu’il crie sur elle et qu’il l’insulte souvent. Quand elle est revenue dimanche dernier, elle m’a raconté qu’il a voulu la frapper. Je ne sais pas ce que je dois faire. Pouvez-vous m’aider ? ». Voici les conseils que j’ai donnés à cette maman… et d’autres encore.
Bon à savoir
Dans cet article, je vais reprendre les propositions que j’ai faites à ma patiente, en y ajoutant d’autres solutions selon les situations rencontrées. Chaque cas étant particulier, il se peut que vous n’y trouviez pas de réponses à votre problématique. Dans ce cas je vous conseille de consulter un.e professionnel.le. Je pense à un.e psychologue mais aussi et surtout à un.e avocat.e. Comme dit le site belge officiel avocats.be : « un avocat, c’est quelqu’un qu’il faut voir avant pour éviter les ennuis après ».
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Plusieurs solutions si votre ado ne veut pas se rendre chez son père malgré le jugement
Si votre enfant ou votre adolescent.e refuse d’aller chez son père pour la semaine ou le week-end, quelle qu’en soit la raison, la première question à se poser est juridique. Si vous avez un jugement qui stipule les jours et heures auxquelles le père peut exercer son droit d’hébergement, sachez à quoi vous en tenir.
En effet, il peut porter plainte contre vous à la Police (donc au pénal) pour non respect du jugement et plus précisément pour « non représentation d’enfant ». Mieux vaut le savoir et anticiper les événements. Car si vous ne faites rien vous risquez d’être condamnée à devoir payer des astreintes qui peuvent aller jusque 1000€ par jour ! La loi belge est ainsi faite (je ne connais pas la loi française, suisse ou canadienne à ce sujet mais je serais ravie que vous en parliez en commentaire de cet article). Mieux vaut prévenir que guérir. Comme disent les avocats : il vaut mieux un bon arrangement à l’amiable qu’un mauvais procès.
Notez aussi que si vous n’avez pas de jugement, rien ne vous oblige à forcer votre enfant à voir l’autre parent. Si ce dernier vous affirme le contraire, dites-lui que vous êtes bien informé 😉 S’il vous cherche des misères ne lui dites pas forcément que vous connaissez parfaitement vos droits. Ne réagissez tout simplement pas à ses tentatives de déstabilisation. Il a peut-être seulement décidé de vous ennuyer. Ou alors lui-même ne connaît pas ses droits et ses devoirs… Mais ça, ce n’est pas votre problème. Il peut très bien lui aussi s’informer de son côté.
1. Discutez-en avec votre ado
Le problème est-il passager ou bien cela risque plutôt de durer ? Votre ado s’est-il/elle simplement disputé avec son père ou est-ce plutôt celui-ci qui est inadéquat au niveau éducatif ?
Si le problème dépasse le simple conflit au sujet des sorties, des écrans ou autres différends que je qualifierais de « normaux » dans une relation parent-enfant, parlez-en. Essayez de voir et de comprendre si votre ado est en souffrance par rapport aux événements qu’il/elle vous rapporte ou non.
Il est primordial que vous soyez à l’écoute de votre enfant et que vous le croyiez. Si vous lui dites qu’il/elle exagère et que vous minimisez sa souffrance, celle-ci risque de durer voire d’augmenter. Le problème ne fera qu’empirer si vous ne le traitez pas le plus vite possible.
Je vous rappelle que vous avez toujours la possibilité de faire appel à un.e psychologue. Si vous avez des difficultés financières, certain.e.s d’entre nous proposons un tarif préférentiel. Par exemple, en Belgique il existe des psychologues de première ligne. Je suis moi-même conventionnée INAMI. Si vous êtes en ordre de mutuelle, vous pouvez dans certaines conditions faire appel à moi ou à un.e de mes collègues.
En France également, cela commence à devenir possible d’obtenir de l’aide sans se ruiner. Renseignez-vous, cela en vaut largement la peine. N’attendez pas trop longtemps pour faire les démarches conseillées dans cet article.
2. Quand le dialogue n’est pas rompu avec le père
Contactez-le pour lui expliquer que votre ado (ou votre enfant) ne souhaite pas aller chez lui pour le week-end ou pour la semaine. Essayez de vous voir pour en discuter calmement, par exemple autour d’un café, dans un lieu public de préférence. Evitez de l’inviter chez vous ou d’aller chez lui afin de ne pas semer la confusion concernant la séparation, surtout devant les enfants.
Voyez si vous pouvez trouver une solution ensemble, par exemple consulter un.e thérapeute familial.e qui pourra aider votre ado a améliorer le lien avec son père. Ensuite parlez-en à votre enfant, en espérant qu’il soit demandeur d’un travail sur le lien père-fille ou père-fils.
Par la suite, échangez par écrit avec le papa pour lui donner des nouvelles (voir point 2.). Faites-le dans tous les cas, même si cela se passe bien. La situation pourrait évoluer, on ne sait jamais à l’avance de quelle manière. Avoir des traces écrites d’un accord entre vous peut être utile en cas de mésentente future. Une personne avertie en vaut deux.
Afin d’acter cet accord, vous pouvez éventuellement vous rendre ensemble chez un médiateur ou un avocat. Le Juge entérinera l’accord écrit qui sera alors considéré comme acquis jusqu’au prochain jugement s’il y a lieu d’être, par exemple si un changement est demandé plus tard par un des parents.
3. Quand communiquer oralement avec le père est compliqué
Vous le connaissez et vous savez où vous en êtes avec lui. Sachez donc le prendre tel qu’il est et adressez-vous à lui de manière directe, par exemple en lui téléphonant.
S’il ne vous écoute pas ou s’énerve, mieux vaut lui envoyer un e-mail. S’il accepte que vous ne conduisiez pas votre enfant chez lui : BINGO ! Vous avez gagné (et votre fille/fils aussi par la même occasion). S’il refuse, c’est peut-être le début des ennuis. Sachez donc vous en prémunir.
Quoi qu’il en soit, il vaut toujours mieux avoir une trace écrite. Donc même s’il vous a dit gentiment au téléphone que « c’est le bien de notre fille/fils qui compte », vous ne serez jamais à l’abri d’un coup bas de sa part. Surtout si la situation est conflictuelle entre vous.
Demandez également à votre ado d’écrire une lettre au Juge. En Belgique, les enfants de plus de 12 ans peuvent être entendus par le Juge. Avant cet âge, une audition d’enfant peut être réalisée par un.e expert.e psychologue.
Adressez-vous à un avocat pour qu’il envoie une requête au Tribunal afin de demander un changement d’hébergement au Juge. Si nécessaire, adressez-vous au BAJ (Bureau d’Aide Juridique) de votre arrondissement judiciaire afin que votre enfant puisse lui aussi bénéficier de l’aide d’un avocat. Ce service est gratuit pour les mineurs d’âge.
4. Si aucune solution amiable n’est trouvée
En cas de conflit, mieux vaut prendre un avocat et demander qu’il envoie une requête au Juge afin qu’une décision puisse être prise officiellement. Mais attention : votre ex prendra probablement lui aussi un avocat (quoique certains pensent pouvoir s’en passer). Il pourra alors demander ce qu’il souhaite au niveau de l’hébergement de votre enfant.
Par exemple, un hébergement égalitaire, c’est-à-dire une semaine sur deux ET la moitié des vacances scolaires. Dans ce cas, il vous faudra sans doute argumenter si vous souhaitez un autre type d’hébergement. Et quoi qu’il en soit, c’est le Juge qui aura le dernier mot. Des mauvaises surprises, comme des bonnes, sont toujours possible.
A nouveau, sachez anticiper en demandant que votre ado soit entendu.e par le Juge ou par un expert psychologue si votre enfant a moins de douze ans. L’avocat ne vous le proposera pas forcément donc n’oubliez pas de le lui demander !
Inutile de contacter le SAJ
Dans un cas comme celui-là, lorsqu’il s’agit d’un « simple » conflit entre votre enfant et son père, même s’il est simple uniquement en apparence, il n’est pas utile de faire appel au SAJ. En effet, le Service d’Aide à la Jeunesse peut vous aider uniquement lorsque la maltraitance est avérée. Encore faut-il le prouver, ce qui est une toute autre histoire ! Nous en reparlerons dans un prochain article.
Voir mon article sur « Les mamans solos face à l’Aide à la Jeunesse ».
Une équipe SOS-enfants ne peut pas non plus vous aider
Ces équipes qui dépendent de l’ONE peuvent également agir en cas de maltraitance ou d’abus sexuels. Cependant, vous devez savoir qu’ils seront seuls juges de la situation tant que votre dossier est chez eux. Ils peuvent par exemple décider de ne pas judiciariser le dossier et de ne pas non plus contacter le SAJ. Ce n’est bien entendu pas le cas de toutes les équipes, mon but n’est pas de jeter la pierre aux travailleurs psycho-sociaux. Mais vous devez tout de même savoir que certains estiment être les seuls à pouvoir vous aider. En disant cela, je pense par exemple à un responsable d’une équipe SOS-enfants avec qui j’en ai discuté qui propose une thérapie familiale, même en cas de maltraitance ou d’inceste.
Vous n’êtes pas obligée de l’accepter !!! (souligné trois fois). Si vous décidez d’aller en Justice, c’est votre droit ! Les démarches doivent alors être entreprises… par vous-même.
En cas de maltraitance physique ou d’attouchements… voire plus
Si le père de votre enfant ou votre adolescent l’a frappé.e, surtout si cela s’est reproduit plusieurs fois : vous pouvez porter plainte à la Police. L’information (copie du PV de votre audition) sera alors envoyée au Parquet qui ordonnera des devoirs d’enquête. Parmi ceux-ci, les policiers se chargeront d’organiser l’audition vidéo-filmée de votre enfant. Le père, lui, sera également auditionné.
Dans un prochain article, je vous expliquerai en quoi consiste une expertise pénale, de quelle manière elle reprend la parole de l’enfant et comment elle peut être considérée comme preuve en Justice. Si celle-ci échoue, vous pouvez également tenter de faire revoir le mode d’hébergement par un Juge en demandant une expertise civile. Je vous expliquerai tout cela également dans un prochain article que j’ajouterai sur « Le blog des mamans ».
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Et pour en savoir plus sur le sujet de la communication avec le papa, suivez notre atelier en ligne !
Si vous venez d’un autre pays que la Belgique, je serais très intéressée de savoir comment cela fonctionne pour vous si votre ado refuse d’aller chez l’autre parent. Merci, à bientôt !
Merci Catherine pour tous ces conseils précieux dans une situation aussi délicate…
Avec plaisir Claire ! Merci pour ton commentaire 🙂
Merci pour ces précieux conseils qui vont aider beaucoup de parents séparés
Même sans jugement un enfant est obligé d’aller voir un de ses parents c’est justement après le jugement le juge pendant sa décision mais quand il n’y a pas de jugement fait les deux parents ont un droit sur l’enfant il me semble donc on ne peut pas dire à son enfant si tu ne veux pas aller chez ton père tu n’y vas pas ça ne fonctionne pas comme ça je le sais parce que je suis passé par là
Merci Anne pour votre commentaire. L’enfant n’y est pas obligé officiellement tant que vous n’avez pas de jugement. Par exemple, vous ne pouvez pas porter plainte à la Police pour rapt parental si l’autre parent enlève votre enfant. En quelque sorte vos droits ne seront pas reconnus. En tous cas pas aux yeux de la Justice en Belgique.
Bonjour, ma fille de 16 ans ne veut plus vivre une semaine sur deux chez son père mais plutôt un week-end sur deux. Il n’y a pas de jugement. Par contre, elle est domiciliée chez mon ex compagnon. Est-ce que je peux la domicilier officiellement chez moi sans l’accord écrit de l’autre partie. En vous remerciant d’avance pour votre aide.
Bonjour, à ma connaissance si vous n’avez pas de jugement rien ne vous empêche d’accepter la demande de votre fille. Par contre pour le changement de domicile mieux vaut poser la question à un avocat en lui exposant votre situation. La commune peut déjà vous renseigner, ils sont habitués à de telles demandes. Courage !